Jour 1. Saint Malo, explorations.

Après avoir découvert la richesse de la vie dans les profondeurs océaniques, les collégiens de Saint Malo ont suivi les explorateurs et se sont imprégnés du témoignage de Jozée Sarrazin.

Pour continuer l’immersion dans le projet, Thomas Cloarec (metteur en scène, compagnie Teatr Piba) et Jozée Sarrazin (chercheuse à l’Ifremer), ont projeté aux élèves le film-documentaire Les Océanautes, retraçant l’histoire de la conquête des abysses.

Repousser les limites

Aujourd’hui encore, les hommes qui ont marché sur la Lune sont plus nombreux que ceux qui ont plongé à moins 6 000 mètres sous la surface des eaux. Tout au long du XXe siècle, des explorateurs sont partis à la découverte des fonds marins, inventant de fabuleux engins pour descendre toujours plus bas.

William Beebe, dans les années 30, est le grand pionnier. Il descend à 908 mètres dans sa bathysphère, « simple sphère creuse en acier pendue au bout d’un câble ».

En 1948, Auguste Piccard invente le premier bathyscaphe autonome. 12 ans plus tard, son fils Jacques effectue avec Don Walsh une descente de 10 916m avec le « Trieste » dans la fosse des Mariannes. Une descente qui constitue encore aujourd’hui le record du monde de la plongée la plus profonde de l’histoire.

Vivre une plongée à 5 000 m

Une fois le documentaire terminé, les élèves vont plonger encore une fois. Thomas leur demande de prendre un papier et un crayon, d’écouter attentivement et de prendre des notes. Il souhaiterait que Jozée leur raconte sa première descente : « qu’est-ce que c’est que de plonger dans un sous-marin à 3-4-5000 m de profondeur ? »

Jozée raconte alors comment, jeune étudiante ne parlant pas bien anglais, elle a été appelée du jour au lendemain pour plonger avec « Jim et Pat », deux scientifiques de renommée internationale dont un véritable « cowboy » américain… Elle se souvient qu’elle a fait attention à ne pas trop boire la veille pour ne pas avoir envie de faire pipi (pas de toilettes dans le sous-marin…). Elle se souvient aussi de la tuque (le bonnet québecois !) qu’elle a pris soin d’emporter car à -5 000m, c’est connu… il fait froid !

Pink Floyd, coca et beurre de cacahuètes

Devant des élèves captivés, elle raconte ses 2h de descente. La musique de Pink Floyd, l’environnement qui devient de plus en plus noir, les milliers de petits boutons lumineux à l’intérieur du sous-marin. Elle raconte comment on doit trouver sa route en regardant à travers un hublot de la grandeur d’une soucoupe à café. L’arrivée devant la cheminée à étudier, les manœuvres, l’observation des animaux… « J’avais eu mon heure de pur bonheur autour de la cheminée avec mes vers ».

Elle raconte aussi le déjeuner entre 2 manips, à base d’un sandwich au beurre de cacahuètes, d’un sandwich à la confiture de fraise et d’un coca (apparemment, le rêve pour plus d’un collégien…). Comment la sphère commence à suinter et la vitre à se couvrir de buée tellement l’eau est froide. Et enfin, une fois la plongée terminée, comment les poids sont relargués, le sous-marin remonté au-dessus de l’eau par les plongeurs, et la plongeuse étudiante, baptisée.

Tous ces détails, toutes ces émotions que Jozée a livrés ce jour-là, seront très précieux pour les élèves. A eux maintenant d’imaginer le récit d’une plongée, le journal de bord d’un explorateur des océans.

Hélène Jolly, Espace des sciences