La biodiversité c’est compliqué

A Tinténiac, comme ailleurs, la biodiversité c’est « quand on ouvre la fenêtre et qu’on regarde le vivant autour de nous » , propose Bruno David, président du museum national d’histoire naturel, dans son dernier livre. Ce qui est visible, écoutable, les plantes, les oiseaux, les insectes et ce qui est moins visible, comme la vie dans le sol…

L’Espace des sciences intervient lors des journées de création artistique pilotés par Eric Antoine et par l’enseignante Delphine Lefeuvre.

La biodiversité est littéralement la diversité biologique. Elle décrit la richesse du monde vivant. Elle ne se limite pas seulement à un nombre d’espèces, mais englobe aussi la diversité génétique (diversité à l’intérieur d’une espèce, par exemple le nombre de races pour les animaux, ou les variétés pour les plantes), elle intègre aussi la multitude d’écosystèmes et toutes les relations entre les espèces. La biodiversité s’exprime donc à des échelles différentes.

Près d’un million d’espèces d’insectes connus, et un million d’autres animaux, plus de 300 000 espèces végétales, 100 000 de champignons… il en reste probablement 10 fois plus à découvrir ! Et c’est sans compter les centaines de milliards de microorganismes, qui représentent à eux seuls la plus grande partie de la biodiversité.

Dans le cadre de ces relations entre espèce, il y a bien sûr les réseaux trophiques et le côté imprévisible des conséquences de déséquilibres sur la biodiversité. Un multimédia de l’exposition permanente « tous vivants, tous différents » est présenté aux élèves pour comprendre des conséquences possibles de la surpêche par exemple.

Au sein des écosystèmes, il y a de nombreuses compétitions mais aussi des coopérations entre espèces qui sont d’autant plus développées que le milieu est soumis à des stress importants (stress de température, de manque d’eau, de sur-salinité…).

Le mutualisme est une relation profitable à tous les protagonistes (relation +/+) : c’est le cas des pollinisateurs, des acacias défendus par des fourmis, des fourmis avec les pucerons, des oiseaux pique-bœufs, des crabes boxeurs avec leur anémones au bout des pinces etc.

Les coopérations chez les plantes sont parfois surprenantes. L’ail sauvage par exemple émet une toxine qui empêche à d’autres plantes de pousser autour, une pâquerette a trouvé la parade et produit un anti-poison, ce qui profite aussi à une plante comme la chicorée qui peut ainsi s’installer près de l’ail, mais seulement si la pâquerette y est aussi. Certaines plantes comme le saule, menacées par des chenilles peuvent même inhiber la croissance de ces dernières en émettant des substances volatiles véhiculant ce message aux arbres sains immédiats pour empêcher l’invasion de chenille. D’autres plantes en danger peuvent aussi émettre de substances spécifiques reconnues par des insectes parasitoïdes qui viendront se débarrasser des envahisseurs ! Le vivant n’en finit pas de nous émerveiller par ces capacités d’innovations.

Michel Bouchet, Espace des sciences