Corps extrêmes

La classe projet du collège François Truffaut découvre le spectacle Corps Extrêmes de Rachid Ouramdane présenté au TNB de Rennes. Sur un plateau de danse adossé à un mur d’escalade, au dessus duquel est étiré un fil d’acier, le chorégraphe fait le pari d’une utopie de la pesanteur.

Doublé d’une installation vidéo saisissante, le spectacle raconte la quête d’hommes et de femmes athlètes, aventuriers, artistes dans leur quête de liberté, cherchant des réponses à des question existentielles, en dépassant leurs propres limites, leurs propres peurs. Voltiges, acrobaties, suspensions, sauts, portés, jetés sont leur langage : ils prennent de la hauteur en s’arrachant de l’attraction terrestre. Ils grimpent à main nues, se propulsent à la verticale, tombent en silence, se récupèrent, s’entraident.

Corps Extrêmes de Rachid – Photopraphie © Pascale Cholette

Il y a une dimension très organique dans le mouvement et dans le travail des artistes, qui ont tous en commun une grande sensibilité. Les corps extrêmes sont avant tout des corps sensibles.

https://www.t-n-b.fr/programmation/spectacles/corps-extremes

Dans le spectacle chacun joue sa partition, en prenant compte de la présence de l’autre dans son exploration. Il y a une vigilance des regards, de l’attention permanente , qui nécessite une concentration de tous les instants. Lorsqu’une personne agit cela influe l’ensemble et dessine ainsi une chorégraphie aériennes d’une fluidité inspirée par l’image des nuées d’étourneaux. Il n’y a pas de leader mais c’est une réaction en chaîne de micro-variations qui dicte la trajectoire du groupe. Le public peut sentir cette interdépendance permanente entre chaque artiste, qui déploie dans le même temps des compétences qui lui sont propres : portés statiques ou dynamiques, voltiges, escalade qui fait corps à la paroi, équilibre sur un fil tendue au dessus des acrobates…

Corps Extrêmes de Rachid – Photopraphie © Pascale Cholette

Echanges avec l’un des artistes

Les élèves sont touchés. Grâce à Servane Jarnier du TNB, ils ont la chance de pouvoir échanger en fin de spectacle avec le funambule Nathan Paulin.

Le moment est précieux, comme suspendu. Les élèves ont du mal à exprimer leur ressenti avec des mots, ils posent néanmoins beaucoup de questions à Nathan. Sur le risque notamment : « et si le fil cassait ? ». Nathan rassure : la sangle est doublée lors de traversée en extérieur en milieu naturel comme au Mont St Michel, où il a effectué une traversée de plus de 2km (un record mondial). Nathan est scientifique de formation et son parcours en génie mécanique l’amène à concevoir lui-même des sangles prévues pour de telles distances, la manière de les accrocher, jusqu’à l’installation elle-même. Cette pratique aérienne permet à Nathan, comme aux autres artistes, de faire face à la peur et de garder la maîtrise de soi. Il existe des phases très difficiles sur une traversée, mais aussi des moments d’intenses bonheurs, faisant parfois couler des larmes.

Pour la création des collégiens, le sujet sera sur les forces de la nature. On voit dans le spectacle que le vent par exemple pour un funambule en extérieur peut présenter un problème important lorsqu’il est intense, mais qu’il peut aussi être parfois une aide pour stabiliser la vibration de la sangle. Nathan explique qu’on s’habitue à certaines choses, qui ne font plus peur et qu’on peut essayer d’élargir sa zone de confort en réalisant et en apprenant des choses qu’on n’avait jamais fait auparavant. Des conseils de vie très inspirant sans doute pour les parcours futurs des adolescents.

Un grand merci à Servane pour son accueil et à Nathan pour sa générosité.

Michel Bouchet, Espace des sciences